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Tombe : Claude SAUTET

Qui est Claude Sautet ?

Date de naissance : 23 février 1924 (Montrouge, France).
Date du décès : 22 juillet 2000 (Paris 14e, France) à 76 ans.
Activité principale : Scénariste, réalisateur, producteur de télévision.
Nom de naissance : Claude Marie Sautet.

Où est la tombe de Claude Sautet ?

La tombe de Claude Sautet est située dans la division 1

La tombe de Claude Sautet au Cimetière du Montparnasse

Claude Sautet tombe

Biographie de Claude Sautet

Claude Sautet est l’un des réalisateurs et scénaristes les plus emblématiques du cinéma français. Né le 23 février 1924 à Montrouge, en banlieue parisienne, et décédé le 22 juillet 2000 dans le 14e arrondissement de Paris, Sautet a marqué de son empreinte l’histoire du cinéma, en particulier dans les années 1970 et 1980. Sa filmographie est jalonnée de succès populaires et critiques, où il dépeint avec finesse et sensibilité les relations humaines, les tourments intérieurs, et les contradictions de ses personnages.

Jeunesse et premières inspirations

Claude Sautet grandit dans une France encore marquée par les séquelles de la Première Guerre mondiale. Son enfance, timide et distraite, laisse déjà entrevoir des dispositions artistiques. À dix ans, il chante dans une chorale en tant que soprano soliste, une première expérience qui, bien que loin du cinéma, témoigne de son attrait pour les arts. C’est cependant grâce à sa grand-mère, grande amatrice de cinéma, qu’il développe très tôt une fascination pour le septième art, particulièrement pour le cinéma hollywoodien.

En 1940, alors que la Seconde Guerre mondiale éclate, Claude Sautet échoue à son baccalauréat, un revers qui ne freine pourtant pas son désir de se tourner vers une carrière artistique. Suivant les conseils de sa mère, il s’inscrit à un cours de peinture. Cependant, son professeur, voyant en lui un potentiel plus grand dans la sculpture, le dirige vers cette discipline. Sautet se laisse convaincre et réussit le concours d’entrée à l’École nationale supérieure des arts décoratifs. Mais malgré sa passion naissante pour la sculpture, il est rapidement confronté aux réalités de cette profession, et l’idée de posséder un atelier ou de vivre de son art l’inquiète. Il abandonne donc ce rêve pour se tourner vers une autre forme d’expression artistique.

Le cinéma, avec sa capacité à capturer et raconter des histoires de manière visuelle, commence à attirer son attention, particulièrement après avoir vu Le jour se lève de Marcel Carné en 1939. Cette œuvre le bouleverse au point de décider de devenir monteur. En 1943, en pleine occupation allemande, il entreprend de faire des stages dans le cinéma, mais se heurte aux difficultés administratives imposées par les autorités d’occupation. Pour éviter le STO (Service du Travail Obligatoire), il quitte Paris pour le Jura, où il travaille dans un centre d’aide aux jeunes délinquants. C’est là qu’il rencontre Graziella Escojido, qui deviendra sa femme en 1953. Ensemble, ils formeront un duo complice, Graziella l’accompagnant souvent dans l’écriture de ses futurs scénarios.

Les débuts dans le cinéma

Après la Libération, Claude Sautet retourne à Paris et s’inscrit à l’IDHEC (Institut des Hautes Études Cinématographiques), aujourd’hui la Femis. Il y reçoit une formation technique qui le marque profondément, bien qu’il se souvienne surtout des films projetés, à une époque où ces derniers étaient difficiles d’accès. Simultanément, il adhère brièvement au Parti communiste français, qu’il quitte en 1952, déçu par les dogmes et les manipulations internes du parti.

Ses premières expériences professionnelles dans le cinéma sont diverses et formatrices. En tant que fan de jazz, il commence à rédiger des critiques musicales pour le journal Combat. Puis, il fait ses premiers pas derrière la caméra en tant que second assistant réalisateur sur Occupe-toi d’Amélie (1949) de Claude Autant-Lara. En 1951, il réalise son premier court-métrage, Nous n’irons plus au bois, une comédie burlesque inspirée de l’humour des Charlot et des Branquignols. Bien que Sautet juge son œuvre ratée, cette expérience lui enseigne l’importance de la direction d’acteurs, une compétence qu’il développera tout au long de sa carrière.

Dans les années 1950, Claude Sautet travaille principalement comme assistant réalisateur pour divers cinéastes, forgeant ainsi des amitiés durables, notamment avec Yves Robert. En 1955, il se voit offrir l’opportunité de réaliser son premier long-métrage, Bonjour sourire, une comédie légère réunissant des célébrités de l’époque comme Henri Salvador et Louis de Funès. Cependant, Sautet, qui avait repris le projet à la demande des producteurs après le départ de Robert Dhéry, ne se reconnaît pas dans ce film et refuse de le considérer comme sa véritable première œuvre cinématographique.

Cette décennie, bien que marquée par des expériences enrichissantes, laisse Sautet insatisfait. Le milieu du cinéma français, englué dans une routine industrielle, manque de la passion et de l’engagement personnel qu’il recherche. C’est au cours du tournage de Le fauve est lâché de Maurice Labro en 1959 qu’il se rapproche de l’acteur Lino Ventura, avec qui il nouera une relation de confiance et de collaboration durable. Jacques Becker, impressionné par le film, encourage Ventura à poursuivre cette collaboration en adaptant le roman de José Giovanni Classe tous risques. Cette œuvre, qui sort en 1960, marque un tournant dans la carrière de Sautet, bien qu’elle soit éclipsée par le succès d’À bout de souffle de Jean-Luc Godard. Le film subit un échec commercial, mais sera réhabilité quelques années plus tard grâce à une ressortie réussie, devenant par la suite une œuvre culte du cinéma français.

L’émergence d’un style propre

L’échec initial de Classe tous risques et les difficultés financières qui en découlent poussent Claude Sautet à accepter divers projets en tant qu’assistant réalisateur, notamment en Italie à Cinecittà. Ces années passées en Italie marquent profondément Sautet, qui y découvre un mode de production plus collectif et une approche du cinéma qui influencera son travail futur, notamment dans sa manière de traiter les thèmes de l’isolement.

De retour en France, Sautet réalise en 1965 L’Arme à gauche, un film d’aventure inspiré du roman Aground de Charles Williams, mettant en vedette Lino Ventura. Le tournage est difficile, en particulier les scènes maritimes, et l’accueil du film reste mitigé. Marqué par ces débuts chaotiques en tant que réalisateur, Sautet décide de se concentrer sur l’écriture et la collaboration avec d’autres cinéastes, gagnant la réputation de « ressemeleur de scénario » dans l’industrie du cinéma.

C’est avec Les Choses de la vie (1970), une adaptation du roman éponyme de Paul Guimard, que Claude Sautet trouve enfin la reconnaissance publique et critique qu’il mérite. Le film, porté par Michel Piccoli et Romy Schneider, devient un succès immense, tant en France qu’à l’étranger, et assoit définitivement la notoriété de Sautet en tant que réalisateur. Ce film marque aussi le début d’une collaboration fructueuse avec le compositeur Philippe Sarde, qui signera la musique de la plupart des films de Sautet par la suite.

Le style de Claude Sautet commence à se définir clairement avec Les Choses de la vie : une attention méticuleuse aux détails, une exploration approfondie des relations humaines, et une mise en scène élégante et épurée. Cependant, ce succès n’est pas sans conséquences. Sautet est vite catalogué comme un réalisateur focalisé sur la bourgeoisie, une critique qui le poursuivra tout au long de sa carrière.

Pour se détacher de cette image, Sautet enchaîne avec Max et les Ferrailleurs (1971), un film noir centré sur un policier prêt à tout pour faire tomber une bande de petits malfrats. Le film est une nouvelle réussite, bien que moins spectaculaire que Les Choses de la vie. Il permet à Sautet d’élargir sa palette stylistique, mêlant la tension du film policier à une analyse fine des rapports de pouvoir et des manipulations psychologiques.

Apogée et consécration

Les années 1970 sont marquées par une série de succès pour Claude Sautet, qui devient l’un des réalisateurs les plus respectés de sa génération. En 1972, il sort César et Rosalie, une chronique sentimentale complexe mettant en scène un triangle amoureux incarné par Romy Schneider, Yves Montand et Sami Frey. Le film est un nouveau triomphe, tant au box-office qu’auprès des critiques, et confirme le talent de Sautet pour dépeindre les subtilités des relations humaines.

L’apogée de cette période est atteinte avec Vincent, François, Paul… et les autres (1974), une adaptation du roman La Grande Marrade de Claude Néron. Ce film choral, qui réunit une distribution prestigieuse comprenant Yves Montand, Michel Piccoli, Serge Reggiani et Gérard Depardieu, explore les amitiés masculines, les désillusions et les crises de la quarantaine. Il est salué pour la justesse de ses dialogues, la profondeur de ses personnages, et la précision de sa mise en scène. Avec plus de 2,8 millions d’entrées, *Vincent, François, Paul… et les autres* devient non seulement un succès commercial, mais aussi un film emblématique du cinéma français des années 1970. Les critiques louent la capacité de Claude Sautet à capturer les nuances des relations humaines, à travers une histoire qui mêle avec habileté humour, drame, et réflexion sur la condition humaine.

Le succès de Vincent, François, Paul… et les autres marque l’apogée de la carrière de Sautet. Il est désormais reconnu comme un maître du cinéma français, capable de créer des œuvres qui résonnent avec un large public tout en maintenant une exigence artistique élevée. Cependant, cette réussite s’accompagne également de nouveaux défis. Sautet commence à ressentir une certaine pression pour continuer à produire des films de la même envergure, tout en évitant de se répéter.

Une période plus sombre : Mado et Une histoire simple

Après le triomphe de Vincent, François, Paul… et les autres, Sautet entreprend un projet plus sombre avec Mado (1976). Ce film marque un tournant dans sa carrière, avec une tonalité plus grave et une exploration plus profonde des thèmes de la vénalité, du pouvoir, et du chômage. Inspiré par des œuvres littéraires comme Un amour de Dino Buzzati, Sautet et son scénariste Claude Néron construisent une histoire complexe où les relations de pouvoir et d’argent prennent une place centrale.

Le tournage de Mado est marqué par des difficultés, notamment une grève des techniciens qui perturbe l’ambiance sur le plateau. Ces complications, ajoutées à la tonalité sombre du film, contribuent à un accueil critique mitigé et à un succès commercial limité. Bien que le film ne rencontre pas le même succès que ses précédentes œuvres, Sautet le considère comme un moment clé de sa carrière, où il a pu explorer des aspects plus sombres et complexes de la nature humaine.

En 1978, Claude Sautet réalise Une histoire simple, un film qui lui permet de retrouver une partie du succès critique et public qu’il avait perdu avec Mado. Ce film, centré sur les thèmes du féminisme et du droit à l’avortement, met à nouveau en vedette Romy Schneider, qui remporte un César pour sa performance. Le film est salué pour sa sensibilité et sa justesse, même si Sautet lui-même avoue avoir été gêné par l’atmosphère trop contemporaine du film, qu’il estime l’avoir empêché d’expérimenter davantage.

Une histoire simple marque la fin d’une époque pour Sautet, celle des grandes fresques humaines et des succès populaires. Le film obtient un bon accueil au box-office, avec plus de 2,2 millions d’entrées en France, et est également bien reçu par la critique. Cependant, Sautet commence à ressentir une certaine fatigue créative, et songe à ralentir son rythme de travail.

Une nouvelle phase de la carrière : Un mauvais fils et Garçon !

Dans les années 1980, Claude Sautet traverse une période de questionnements et de doutes artistiques. Après le succès mitigé de Une histoire simple, il se lance dans un nouveau projet, Un mauvais fils (1980), en collaboration avec Jean-Paul Török. Ce film, qui explore les relations entre un père et son fils, est marqué par une approche plus introspective et un retour à des thèmes sociaux comme le milieu ouvrier et la réinsertion sociale.

Pour le rôle principal, Sautet choisit Patrick Dewaere, un acteur talentueux mais fragile, dont la prestation dans le film est saluée par la critique. Un mauvais fils est un succès modeste au box-office, avec un peu plus d’un million d’entrées, mais il permet à Jacques Dufilho de remporter un César pour son rôle secondaire.

La période est difficile pour Sautet, qui se sent de plus en plus éloigné de l’industrie cinématographique et de ses propres attentes créatives. En 1983, il réalise Garçon !, un film qu’il destine à Yves Montand, avec qui il a déjà collaboré à plusieurs reprises. Le tournage est compliqué, et Sautet éprouve des difficultés à diriger Montand, qu’il trouve trop égocentrique. Le film, bien que correct au box-office avec environ 1,5 million d’entrées, ne rencontre pas le succès escompté, et la critique est sévère. Sautet lui-même se montre critique envers son œuvre, allant jusqu’à dire qu’il s’est senti au bord de la « ringardise ».

La renaissance avec la trilogie finale

Après Garçon !, Claude Sautet envisage de se retirer du cinéma. Il abandonne plusieurs projets et se consacre à des travaux publicitaires, tout en réfléchissant à un éventuel retour à la réalisation. C’est grâce à l’encouragement de Philippe Carcassonne, un producteur passionné, qu’il décide de revenir avec Quelques jours avec moi (1988). Ce film marque un tournant dans la carrière de Sautet, qui s’entoure de nouveaux collaborateurs et choisit des acteurs plus jeunes comme Daniel Auteuil et Sandrine Bonnaire. Le tournage est difficile, mais Sautet y trouve un renouveau créatif qui se traduit par un film qu’il considère comme l’un de ses préférés.

Quelques jours avec moi est bien accueilli par la critique et permet à Sautet de regagner la confiance des producteurs. Ce succès pave la voie à ses deux derniers films, Un cœur en hiver (1992) et Nelly et Monsieur Arnaud (1995), qui forment une sorte de trilogie épurée sur les difficultés à exprimer ses sentiments et les relations humaines.

Un cœur en hiver est inspiré par la musique de Maurice Ravel et par le roman Un héros de notre temps de Mikhaïl Lermontov. Le film, porté par les performances d’Emmanuelle Béart et de Daniel Auteuil, explore les thèmes de l’amour, de la manipulation, et de l’incapacité à ressentir des émotions. Il est salué par la critique et reçoit plusieurs récompenses, dont un César pour Sautet en tant que meilleur réalisateur.

  • Nelly et Monsieur Arnaud* (1995) est l’ultime œuvre de Sautet, souvent considérée comme son testament cinématographique. Le film réunit Michel Serrault et Emmanuelle Béart dans une histoire qui mêle des thèmes chers au réalisateur, comme le non-dit, la vénalité, et les mémoires. Ce dernier film est une réussite critique et commerciale, avec plus d’1,5 million d’entrées, et confirme la place de Sautet parmi les grands réalisateurs du cinéma français.

Fin de vie et héritage

Fatigué par l’âge et la maladie, Claude Sautet abandonne définitivement la réalisation après Nelly et Monsieur Arnaud. Il se consacre à la restauration de plusieurs de ses films, en collaboration avec Studiocanal, retravaillant les montages pour les adapter aux standards modernes. Gros fumeur, il succombe à un cancer du foie le 22 juillet 2000, à l’âge de 76 ans. Il est enterré au cimetière du Montparnasse à Paris.

Claude Sautet laisse derrière lui une filmographie riche et variée, marquée par une exploration profonde des relations humaines, des sentiments, et des contradictions de la vie moderne. Son cinéma, souvent qualifié de « cinéma de l’intime », a su toucher plusieurs générations de spectateurs et continue d’influencer les réalisateurs contemporains. En 2001, Canal Plus rend hommage à son œuvre en diffusant onze de ses longs-métrages, confirmant ainsi son statut de maître du cinéma français.

Son héritage est également marqué par une controverse familiale, lorsque l’écrivain Alexandre Jardin affirme dans son livre Le Roman des Jardin que son frère Frédéric est né de l’union entre Sautet et sa mère. Cette révélation fait grand bruit, mais les tests ADN effectués en 2005 révèlent que Frédéric n’est pas le fils de Claude Sautet.

Aujourd’hui, Claude Sautet reste une figure incontournable du cinéma français, reconnu pour son regard subtil et incisif sur la société et les relations humaines. Ses films, empreints d’une grande humanité, continuent d’émouvoir, témoignant de la profondeur de son art et de sa contribution à la culture cinématographique.